Dispositifs de rappel et de relance pour les patients

Ce qu’il faut retenir

  • Il existe des preuves solides de l’efficacité des dispositifs de rappel/relance auprès des patients seuls (sans autre type d’intervention) pour augmenter les couvertures vaccinales contre le papillomavirus humain.
  • L’impact sur les couvertures vaccinales (taille des effets) est très variable selon les études et il est difficile de quantifier l’effet moyen de ces rappels.
  • Différentes modalités de rappels ont montré leur efficacité : SMS, appel téléphonique ou courrier postal.
  • Il existe également des preuves solides de l’efficacité d’interventions combinant des rappels auprès des patients avec une autre intervention auprès des patients (actions d’éducation…) ou des professionnels de santé (rappels, audit-feedback…).
  • Une étude a montré que des rappels patients combinés à une intervention auprès des professionnels de santé étaient plus efficaces que des rappels seuls pour favoriser l’initiation de la vaccination.

Définition et objectifs

Les dispositifs de rappel et de relance pour les patients sont utilisés pour rappeler à un groupe de population cible de se faire vacciner, qu’il s’agisse de personnes en retard de leurs vaccinations (relance) ou non (rappel). Concernant la vaccination HPV, les rappels sont le plus souvent adressés aux parents des adolescent(e)s concerné(e)s par cette vaccination. Lorsque l’intervention vise plus spécifiquement une population de jeunes adultes, les rappels peuvent être adressés directement au public cible.

Les dispositifs de rappel peuvent varier du point de vue des moyens utilisés (téléphone, courrier, SMS, combinaison de plusieurs modalités ou modalité choisie par le patient…) et du contenu des messages diffusés (messages plus ou moins longs, type de formulation…).

Les dispositifs de rappel pour les patients peuvent être mis en place seuls ou en combinaison avec d’autres types d’interventions auprès des patients (sensibilisation par exemple) ou avec des interventions auprès des professionnels de santé (dispositif de rappel pour les professionnels de santé par exemple).

Impact attendu

Augmentation de la couverture vaccinale (CV).

Preuves scientifiques de l’efficacité

Vue d’ensemble

Type d’impact attendu Rappels pour patients seuls Rappels pour patients combinés avec une autre intervention
Couverture vaccinale    

Dispositifs de rappel pour les patients seuls

Plusieurs revues systématiques de bonne qualité concluent à l’efficacité de rappels pour les patients, seuls (c’est-à-dire sans autre intervention auprès des patients ou des professionnels de santé), pour augmenter la couverture vaccinale contre le papillomavirus humain (1-4).
Elles s’appuient sur une douzaine d’études primaires ayant testé différentes modalités de rappel (SMS, courrier postal, téléphone) : voir résultats détaillés dans la partie « Efficacité selon les modalités d’intervention ». La majorité de ces études ont montré un effet significatif des rappels, quelle que soit la modalité, sur au moins une mesure de couverture vaccinale contre le papillomavirus humain (1 dose, 2 doses ou vaccination complète). L’impact sur les couvertures vaccinales (taille des effets) était très variable selon les études et, en l’absence de méta-analyse disponible, il est difficile de quantifier l’effet moyen des rappels sur les couvertures vaccinales contre le papillomavirus humain.

Dispositifs de rappel pour les patients combinés avec un autre type d’intervention

Plusieurs revues systématiques de bonne qualité concluent à l’efficacité d’interventions combinant des rappels auprès des patients et un autre type d’intervention auprès des patients et/ou des professionnels de santé pour augmenter les CV HPV
(3-5).

Ces revues s’appuient sur une dizaine d’études primaires ayant étudié l’efficacité de rappels auprès des patients combinés à d’autres actions auprès des patients (message d’éducation, brochure, visites à domicile pour promouvoir la vaccination et inciter les parents à prendre rendez-vous avec leur médecin) (6- 8), des professionnels de santé (sensibilisation, rappels, audit-feedback) (9-14) ou visant à faciliter l’accès à la vaccination (programme de vaccination en milieu scolaire) (15).
L’une de ces études primaires, de bonne qualité, a comparé l’efficacité de plusieurs types d’interventions et a montré que la combinaison de rappels auprès de patients (rappels téléphoniques automatiques avec message adapté à la situation du patient et lien vers un site d’information) et d’interventions auprès des professionnels de santé (une heure de sensibilisation sur la vaccination HPV, rappels électroniques et feedback) était plus efficace que les rappels auprès de patients seuls pour augmenter l’initiation de la vaccination HPV (+7 points de % de la CV 1 dose soit 1,4 fois plus de chances d’initier la vaccination, , p=.001), mais pas la réalisation des deuxième et troisième doses (6).

Efficacité selon les modalités d’intervention

Rappels par SMS

Parmi les 5 études ayant testé l’efficacité de rappels par SMS auprès de parents d’adolescent(e)s concerné(e)s par la vaccination HPV (16–20), 4 ont montré un effet significatif sur au moins une mesure de couverture vaccinale (1, 2 ou 3 doses) (16–18, 20). L’impact (taille des effets) était très variable selon les études. L’étude n’ayant pas montré d’effet significatif portait sur un faible nombre de parents d’enfants de 11-17 ans présentant au moins une pathologie chronique (19).

En pratique, dans la plupart des études (16–18), les SMS étaient envoyés aux parents par les cabinets médicaux. Pour chaque dose de vaccin, 3 à 4 SMS étaient envoyés, le plus souvent selon un rythme hebdomadaire.

Dans le contexte d’une vaccination en milieu scolaire et d’une couverture vaccinale globalement très élevée (≥ 85 %), une étude australienne a montré que l’envoi d’un SMS aux parents 1 à 2 jours avant la séance de vaccination était efficace pour augmenter la CV chez les adolescents et les adolescentes n’étant pas à jour de leur vaccination
(+ 3 points de pourcentage) (20).

Rappels par courrier postal

Dans une étude réalisée dans l’Etat de Californie, aux Etats-Unis, un rappel par courrier postal auprès de jeunes filles âgées de 9 à 26 ans ayant déjà initié la vaccination HPV a conduit à une augmentation de 10 points de pourcentage de la couverture vaccinale complète (56 % versus 47 % dans le groupe contrôle) (21).

En pratique, un courrier de rappel était envoyé par le médecin 1 fois par trimestre jusqu’à vaccination complète. Le courrier était adressé directement à la jeune fille à partir de 12 ans et, pour les plus jeunes, aux parents (en accord avec la loi en vigueur dans cet Etat).

Rappels téléphoniques

Dans une étude réalisée dans l’État de Californie,, des rappels téléphoniques automatiques auprès des parents de jeunes filles âgées de 11 à 17 ans ont conduit à une modeste augmentation de l’initiation de la vaccination HPV (18 % versus 16 % dans le groupe contrôle, soit 1,1 fois plus de chances d’initier la vaccination, p = 0,03). L’augmentation était plus marquée pour la 2ème dose (71 % des filles ayant initié la vaccination versus 65 % dans le groupe contrôle, 1,2 fois plus de chances, p = 0,001) et pour la vaccination complète (73 % des filles ayant déjà reçu 2 doses versus 63 % dans le groupe contrôle, 1,4 fois plus de chances, p = 0,001) (12).

En pratique, ces rappels téléphoniques listaient les vaccins qui devaient être réalisés, mentionnaient que ces vaccinations étaient recommandées par le médecin, et renvoyaient vers un site internet d’information. Si un rendez-vous médical était programmé, l’appel téléphonique avait lieu 2 jours avant le rendez-vous. Sinon, deux appels téléphoniques étaient réalisés pour inciter les parents à prendre rendez-vous avec leur médecin (12).

Modalité de rappel choisie par le patient

Dans trois études américaines, la modalité de rappel était choisie par les patients. Ces études ont conduit à des résultats contradictoires, mais différaient sur un certain nombre d’aspects méthodologiques (populations, modalités de rappels…). Dans l’une d’elle, menée auprès de jeunes filles américaines âgées de 19 à 26 ans, les rappels (SMS, courriel, courrier postal, téléphone, message privé Facebook) n’ont pas eu d’impact sur les couvertures vaccinales (22). Dans les deux autres, menées auprès de parents d’adolescents âgés de 11 à 17 ans, les rappels (courrier postal, courriel, téléphone ou SMS voire combinaison de deux modalités) ont eu un impact significatif sur les couvertures vaccinales contre le papillomavirus humain (23,24).

Comparaison de l’efficacité de différentes modalités de rappel

  • Rappels par SMS versus téléphone : selon une étude auprès de parents d’adolescents de 11-17 ans ayant initié la vaccination HPV, les rappels par SMS seraient plus efficaces que les rappels téléphoniques pour augmenter la couverture vaccinale complète (+18 points de % p<0,001 vs (+ 8 points de %, p = 0,34) (25).
  • Rappels par téléphone versus courrier : une autre étude auprès de parents d’adolescents de 11-17 ans, a montré que les deux modalités avaient un impact significatif et de même ampleur, mais modeste, sur les couvertures vaccinales 2 doses et complète. Par exemple, la couverture vaccinale complète  augmentait de 8 points de pourcentage dans les deux groupes par rapport au groupe contrôle (multipliée par 1,5, p<0,05 pour les rappels par courrier, et 1,6, p<0,01 pour les rappels par téléphone) (26).

Combinaison de plusieurs modalités de rappel

Quelques études ont également étudié l’impact de la combinaison de plusieurs modalités de rappels (courrier postal + appel téléphonique par exemple) et ont montré un impact significatif sur les couvertures vaccinales contre le papillomavirus humain (24,27,28). Dans une étude américaine menée auprès de parents d’adolescents de 11-17 ans, l’impact des rappels (modalité choisie par les parents) sur la couverture vaccinale complète était plus important chez les parents ayant choisi une combinaison de modalités de rappels (courriel + téléphone) (90 % contre 60 %, p =.008) (24).

Exemple d’une intervention efficace

La recherche bibliographique effectuée n’a pas permis d’identifier d’intervention menée en France et évaluée. C’est pourquoi nous avons choisi des exemples d’interventions menées à l’étranger qu’il pourrait être intéressant de tester en France.


Exemple 1 : un rappel par courrier pour favoriser le recours à la vaccination HPV des adolescents aux Etats-Unis

Population cible et objectifs de l’intervention

En 2015, le Département de Santé de l’Etat de New-York a testé l’impact de l’envoi d’un courrier de rappel sur le recours à la vaccination HPV chez les adolecents âgés de 11 à 13 ans n’ayant pas encore initié cette vaccination.

Description de l’intervention

Cette étude de type essai contrôlé randomisé a été réalisée à partir du système d’information sur les vaccinations de l’État de New-York. Des adolescents de 11-13 ans non vaccinés contre le HPV ont été tirés au sort et répartis en deux groupes. Dans le groupe intervention (n=81 558), un courrier signé du directeur du bureau des vaccinations, accompagné d’une brochure d’information sur les vaccinations des adolescents, a été envoyé aux parents afin de les inciter à parler rapidement de la vaccination HPV au médecin qui suit leur enfant. Le groupe contrôle (n=80 894) ne recevait pas ce courrier.

Résultats

Six mois après l’envoi du courrier, 15,8 % des adolescents du groupe intervention avaient initié la vaccination contre 13,6 % dans le groupe contrôle (+2,2 points de %, soit 1,16 fois plus de chances, p<0,001) et 6,4 % avaient reçu 2 doses contre 5,0 % dans le groupe contrôle (+1,4 point de %, soit 1,28 fois plus de chances, p<0,001). Des effets similaires ont été observés chez les filles et les garçons et quel que soit l’âge. Les auteurs soulignent que l’effet est modeste, mais qu’il résulte de l’envoi d’un seul courrier. Ils suggèrent que des rappels multiples ou la combinaison avec d’autres types de rappels pourraient renforcer l’effet. Ils soulignent également que le coût de cette intervention, mise en place à grande échelle, est très faible (moins de 1 $ par courrier).

Référence

Coley S, Hoefer D, Rausch-Phung E. A population-based reminder intervention to improve human papillomavirus vaccination rates among adolescents at routine vaccination age. Vaccine. 06 2018;36(32 Pt B):4904‑9.


Exemple 2 : des rappels téléphoniques auprès des parents pour favoriser le recours à la vaccination HPV des adolescents aux Etats-Unis

Population cible et objectifs de l’intervention

Une intervention a été mise en place dans des cabinets médicaux de médecine de premier recours situés dans deux Etats des Etats-Unis (Pennsylvanie et New-Jersey) en 2010-2011. L’objectif était d’augmenter la couverture vaccinale HPV parmi les jeunes filles de 11-17 ans suivies dans ces cabinets médicaux et qui n’étaient pas vaccinées contre les infections à papillomavirus humains.

Description de l’intervention

Dans cette étude de type essai contrôlé randomisé par grappe, plusieurs types d’interventions auprès des patients et/ou des professionnels de santé ont été testés auprès de différents groupes de cabinets médicaux. L’une de ces interventions (bras « patients », n = 5 680 patientes) consistait à envoyer des rappels téléphoniques automatiques aux parents des jeunes filles. Ces rappels téléphoniques listaient les vaccins qui devaient être réalisés, mentionnaient que ces vaccinations étaient recommandées par le médecin, et renvoyaient vers un site internet d’information. Si un rendez-vous médical était programmé, l’appel téléphonique avait lieu 2 jours avant le rendez-vous. Sinon, deux appels téléphoniques étaient réalisés pour inciter les parents à prendre rendez-vous avec leur médecin.

Résultats

Les rappels téléphoniques ont conduit à une modeste augmentation de l’initiation de la vaccination HPV (18 % versus 16 % dans le groupe contrôle, soit 1,1 fois plus de chances, p = 0,03) après 12 mois de suivi. L’augmentation était plus marquée pour la 2ème dose (71 % des filles ayant initié la vaccination versus 65 % dans le groupe contrôle, 1,2 fois plus de chances, p = 0,001) et pour la vaccination complète (73 % des filles ayant eu 2 doses versus 63 % dans le groupe contrôle, 1,4 fois plus de chances, p = 0,001).

Référence

Fiks AG, Grundmeier RW, Mayne S, Song L, Feemster K, Karavite D, et al. Effectiveness of Decision Support for Families, Clinicians, or Both on HPV Vaccine Receipt. Pediatrics. 2013;131(6):1114‑24.