Cadre de vie, espaces verts

Une proportion croissante de la population vit en milieu urbain. La ville est souvent opposée à la nature ; pourtant, elle y est bien présente, sous différentes formes et à différents degrés (parcs, jardins, aires de loisirs et de sport, sentiers, accotements végétalisés…). Les espaces verts ont des bienfaits pour les populations citadines, le développement durable et pour l’économie locale.

Définitions, précisions

  • Espace vert : zone urbaine non bâtie et réservée à la nature. En urbanisme, ce terme désigne tout espace d’agrément végétalisé ouvert au grand public dans le périmètre urbain : jardins, bois, pelouses, parcs et autres espaces couverts de végétation ;
  • Les espaces verts constituent un élément essentiel pour l’esthétique, le cadre et la qualité de vie d’une ville. Ils constituent des lieux protégés des pollutions aérienne, sonore et olfactive et doivent être considérés comme les poumons de la ville. Ils sont des lieux de détente, de promenade, de repos, de jeux et de terrains de sport ;
  • Seuls 6 % des habitants des quartiers prioritaires sont très satisfaits de leur cadre de vie quotidien, une proportion 4 fois plus faible que ceux vivant hors de ces quartiers (24 %). A l’inverse, un habitant de QPV sur dix n’est « pas satisfait du tout » de son cadre de vie, contre 3 % pour les résidents hors QPV (1).

Principaux déterminants de la fréquentation des espaces verts

La présence d’espaces verts ne suffit pas à assurer leur fréquentation. Celle-ci est conditionnée par leur visibilité, accessibilité, qualité esthétique mais aussi par leur sécurité.

De multiples éléments influencent la fréquentation des espaces verts sur un territoire (2) :

La proximité du lieu de résidence

  • La présence d’espaces verts à proximité du domicile favorise leur achalandage. La distance maximale recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est de 300 mètres à vol d’oiseau.

La qualité des espaces verts

  • Cette notion renvoie à l’entretien, la propreté et à la qualité esthétique des espaces verts. Elle est associée à une augmentation de l’utilisation de ces espaces et de la fréquence de l’activité physique.

Le sentiment de sécurité

  • Une des conditions de fréquentation d’un espace vert est de s’y sentir en sécurité. Parmi les éléments affectant le sentiment de sécurité, il est possible de relever :
  • L’absence ou le manque d’éclairage ;
  • Le manque ou l’absence de surveillance des lieux, notamment par le biais de gardiens ou d’agents de sécurité ;
  • La présence d’animaux sans laisse ;
  • La présence de sans-abri, d’usagers ou de vendeurs de drogues ;
  • La présence de sentiers ou de secteurs reclus et isolés ;
  • La présence d’éléments pouvant causer des blessures (seringues, débris, etc.).

Les équipements

  • La présence de sentiers pour la marche ou pour le vélo est importante ;
  • Plusieurs types d’infrastructures accroissent l’utilisation et l’attractivité des parcs et stimulent la pratique d’une activité physique : modules de jeux, terrains de sports, fontaines à eau, supports à vélo… ;
  • Les infrastructures de services, incluant les toilettes, les kiosques de nourriture et de boissons, ainsi que les bancs sont d’autres caractéristiques importantes favorisant l’utilisation des parcs ;
  • Différentes études soulignent cependant l’utilisation variable des infrastructures selon le sexe et l’âge :
  • Les installations sportives attireraient davantage les jeunes, et surtout les garçons ;
  • Pour les enfants : il est important de disposer d’une variété d’installations dans les parcs pour favoriser la pratique de sports et le jeu, telles que les structures et les arbres pour grimper ;
  • Les aménagements comme les barbecues, les lieux pour s’asseoir, les fontaines d’eau, les tables à pique-nique et les toilettes sont des éléments importants pour tous les groupes d’âge.

L’ombrage

  • La présence d’ombre et la disposition adéquate d’éléments créateurs d’ombre seraient aussi associées à l’utilisation accrue des parcs urbains.

Impacts sanitaires de l’accès à des espaces verts

Les études scientifiques montrant les bénéfices des espaces verts sur la santé physique et mentale sont nombreuses.

Effets bénéfiques sur l’environnement

  • Amélioration de la qualité de l’air, en produisant de l’oxygène, en filtrant les particules et les poussières et en absorbant les polluants ;
  • Amélioration de la qualité de l’eau grâce à la rétention de l’eau de pluie dans le sol et le contrôle de l’érosion des sols ;
  • Lutte contre le changement climatique et les îlots de chaleur urbain en absorbant du dioxyde de carbone et en réduisant la température extérieure ;
  • Atténuation du bruit émanant de la ville et notamment du trafic routier (2).

Effets bénéfiques sur la santé physique et mentale et sur la qualité de vie des populations

  • La présence de parcs, tout comme la présence de végétaux en bordure des rues et les petits parcs sont reconnus comme ayant des bénéfices sur la santé (3, 5) :
    • Perception d’un meilleur état de santé physique et mentale ;
    • Réduction de la mortalité et augmentation de la longévité ;
    • Réduction des maladies cardiovasculaires, diminution du stress, de la prévalence de la dépression et des troubles anxieux, des troubles du sommeil ;
    • Meilleure récupération face à la fatigue et au stress ;
    • Facilitation du processus de guérison ;
    • Réduction des problèmes comportementaux chez les enfants.
  • Les effets bénéfiques des espaces verts sur la santé peuvent s’expliquer par différents mécanismes, incluant l’augmentation de la pratique d’une activité physique, l’amélioration du capital social des individus et de la cohésion sociale au sein du quartier, la réduction du stress et de l’exposition au bruit et à la pollution de l’air (4) ;
  • Toute création d’espaces verts aurait un effet bénéfique sur la santé des personnes résidant dans un rayon de 3 km. La création de 10 % d’espaces verts supplémentaires engendrerait une amélioration de l’état de santé comparable à une perte de 5 ans d’âge (6) ;
  • Les bénéfices des espaces verts s’avèrent plus importants dans les secteurs plus défavorisés où ils contribuent à la réduction des inégalités sociales de santé.

Effets néfastes sur la santé

L’accès à des espaces verts a également des effets néfastes sur la santé (4) :

  • Augmentation du risque de la maladie de Lyme, transmissible par les piqûres de tiques ;
  • Par une exposition prolongée et sans protection solaire, le soleil peut générer des insolations, des malaises, un vieillissement prématuré de la peau et augmente le risque de cancers de la peau. Les UV peuvent aussi avoir un effet néfaste sur l’œil en provoquant des cataractes corticales, une baisse de la vue causée par l’opacification progressive du cristallin. Les aires de jeux non ombragées et la présence de prairies favorisent particulièrement l’exposition aux rayons ultra-violets ;
  • Les plantes des milieux urbains, plus stressées, pollinisent davantage ce qui engendre la fixation de certaines substances polluantes aux particules de pollen et augmente le potentiel allergisant. La présence de pollens peut provoquer des réactions allergiques (rhinites, conjonctivites, crises d’asthme…) chez les personnes prédisposées tout comme chez celles qui ne le sont pas. La réaction allergique dépend alors du type de pollen présent dans l’air (graminée, cyprès, peuplier, etc.) tout comme de sa quantité. L’allergie est une maladie chronique qui affecte la qualité de vie des personnes : les principales conséquences sur la vie quotidienne sont une restriction des activités courantes, des troubles du sommeil, une altération de la vigilance.

Voir fiche n°6 Air - allergies

Les jardins collectifs et communautaires

  • Un jardin collectif est une parcelle de terre unique sur laquelle un groupe de personnes s’organise et se partage les responsabilités en vue d’y produire des aliments qui seront partagés lors de la récolte ;
  • Un jardin communautaire est composé de plusieurs parcelles individuelles (aussi appelées lots, lopins ou jardinets), habituellement réservées aux résidents du secteur. Les parcelles sont attribuées à des personnes qui les cultivent chacune de leur côté ;
    • Une revue de la littérature a montré que la présence de jardins collectifs ou communautaires a un impact positif sur la santé physique et mentale des habitants (3, 7), de différentes façons :
    • Ils représentent des lieux de sociabilité favorisant la création de rapports interpersonnels et le développement d’un réseau social ;
    • Ils favorisent la pratique d’une activité physique et améliorent l’accès à des fruits et légumes frais, favorisant ainsi une alimentation plus saine chez les personnes disposant de faibles revenus ;
    • La pratique du jardinage accroit les facultés de concentration, favorise la confiance en soi et le sentiment d’accomplissement des personnes et réduit le stress des personnes ;
    • Le jardinage communautaire a un effet particulièrement bénéfique pour les personnes vulnérables (personnes malades, personnes âgées et personnes défavorisées).

Zoom sur les populations vulnérables

Les espaces verts ont des effets différenciés selon le groupe de population (2).

Les enfants

  • L’accès à des espaces verts favorise un bon développement moteur, cognitif, émotionnel, social et physique chez les enfants, mais aussi un meilleur état de santé à l’âge adulte ;
  • La présence de végétation est associée à une pratique accrue d’une activité physique et à une réduction de l’indice de masse corporelle. Elle favorise également le calme, l’attention et la concentration en milieu scolaire, notamment pour les enfants ayant un déficit d’attention, et réduit le niveau de stress des enfants. Plusieurs études ont montré que les enfants qui travaillent dans un environnement plus vert ont de meilleurs résultats scolaires (3).

Les femmes

  • Les femmes ont tendance à se sentir plus à l’aise et en sécurité pour faire de l’exercice physique dans un parc plutôt que dans la rue ;
  • Chez la femme enceinte, la fréquentation de parcs et espaces verts a un effet bénéfique pendant la grossesse pour le développement du fœtus.

Les personnes âgées

  • Chez les personnes âgées, la présence de parcs et d’espaces verts encourage la pratique de la marche et/ou d’une activité physique, pour une durée plus importante. (8, 9)

Pistes d’action qui pourraient être envisagées pour améliorer le cadre de vie et renforcer l’accès aux espaces verts

Renforcer la présence de végétation au sein des territoires urbains

Plusieurs pistes peuvent être envisagées et dans l’idéal cumulées (3) :

  • Augmentation de la surface d’espaces verts, sous différentes formes ;
  • Création d’un parc public et verdissement des cœurs d’îlots ;
  • Végétalisation de bâtiments (toits, murs).

La végétalisation d’un quartier doit concerner aussi bien :

  • Les abords des voies publiques, pour limiter la pollution atmosphérique et améliorer le confort des piétons (plantation d’arbres, haies séparant les cheminements piétons et cyclistes du trafic automobile…) ;
  • Les cœurs d’ilots afin de les rendre utilisables en tant que lieu public de détente et de rencontre par les habitants ;
  • Les écoles et les crèches : Les cours d’école vertes (plantation d’arbres, création de potagers ou de vergers, végétalisation de murs ou de toits) contribuent, entre autres, à réduire la température, à améliorer la qualité de l’air et à diminuer les risques de stress thermique et de déshydratation chez les enfants.

Préconisations d’aménagement pour les parcs publics (8,9)

  • Prévoir des sentiers pour la marche ou le vélo ;
  • Mettre en place des équipements favorisant la fréquentation du parc :
    • Équipements permettant la pratique d’activités physiques et de détente pour tous les âges (tables à pique-nique, barbecues, terrains de pétanque, parcours sportifs, aires de jeux adaptées à différents âges, skates parcs, murs d’escalade…) ;
    • Équipements de services (toilettes, fontaines d’eau potable, bancs, kiosques de nourriture et boissons…) ;
    • Installations protégeant du vent et du soleil (exemple : ombrières), équipements rafraîchissants (jets d’eaux) ;
    • Organiser des activités sociales (marches collectives, piques niques collectifs…) permet de donner vie aux parcs et de favoriser les échanges sociaux.

Étudier la faisabilité d’un jardin partagé ou communautaire

  • Prévoir une concertation des habitants, pour voir s’ils seraient favorables à la création d’un jardin partagé ou communautaire et sous quelle forme ;
  • Développer des jardins pédagogiques, au sein ou à proximité des écoles.

Zoom sur le choix des espèces végétales (10)

  • Privilégier des espèces végétales permettant d’assurer une bonne densité du feuillage qui permettra, lorsque l’arbre est mature, une filtration d’au moins 60 % du rayonnement solaire ;
  • Afin de limiter les risques d’allergies :
  • Instaurer de la diversité dans les aménagements paysagers, ce qui permet de diminuer la concentration de pollens d’une même espèce dans l’air ;
  • Éviter les espèces avec un fort potentiel allergisant (aulnes, bouleaux, charmes, cyprès, frênes, oliviers, mûriers à papier, cryptomeria du Japon, graminées…) ;
  • Avoir une méthode d’entretien adaptée à la réduction de la production de pollens : une taille régulière empêche les fleurs d’apparaître et diminue ainsi la quantité de grains de pollen émise dans l’air par exemple.
  • Privilégier des espèces qui ont un potentiel de fixation des polluants atmosphériques.

 Voir fiche n°6 Air – pollution atmosphérique

  • Éviter les espèces de plantes ornementales qui sont toxiques comme le laurier rose, l’if, le laurier tin et les troènes. Les risques sont essentiellement liés à des ingestions accidentelles, le plus souvent de fruits ou de baies, et particulièrement chez les jeunes enfants ;
  • Eviter les espèces végétales favorisant la prolifération des moustiques tigres (bambous, roseaux) et des chenilles processionnaires (pins, cyprès…).