Dans le domaine de la vaccination, les interventions de type « visites à domicile » correspondent à la visite d’un intervenant au domicile des personnes ciblées pour les informer/sensibiliser sur l’importance de la vaccination en général ou certains vaccins en particulier, évaluer leur statut vaccinal, les inviter à se rendre dans un lieu de soins pour se faire vacciner ou, dans certains cas, à leur proposer de se faire vacciner durant la visite (Community Preventive Services Task Force 2016). Les visites à domicile peuvent porter spécifiquement sur la vaccination ou concerner plus globalement la santé, la prévention, la parentalité, etc. et aborder la vaccination (Community Preventive Services Task Force 2016; Harvey et al. 2015
Les intervenants peuvent être des professionnels de santé (infirmières par exemple) ou des personnes n’ayant pas suivi de formation professionnelle dans ce domaine ni d’études supérieures mais ayant reçu une formation spécifique dans le cadre de l’intervention (médiateurs santé, mères volontaires, etc., regroupés sous le terme « Lay Health Workers » dans la littérature scientifique…) (Community Preventive Services Task Force 2016; Lewin et al. 2010).
Impact attendu
Augmentation de la couverture vaccinale.
Autres impacts possibles
Il n’y a pas suffisamment d’éléments disponibles dans la littérature sur cet aspect.
Preuves scientifiques de l’efficacité
Vue d’ensemble
Plusieurs revues systématiques de la littérature suggèrent que les visites à domicile peuvent être efficaces pour augmenter la couverture vaccinale (Dubé et al. 2015; Briss et al. 2000; Glenton et al. 2011; Lewin et al. 2010; Thomas et Lorenzetti 2014; Community Preventive Services Task Force 2016; Whittaker 2002). Plusieurs de ces revues soulignent cependant que les preuves sont de qualité modérée, basées sur un nombre restreint d’études et/ou sur des études présentant des faiblesses méthodologiques (Glenton et al. 2011; Lewin et al. 2010; Thomas et Lorenzetti 2014).
Efficacité selon les groupes de population et les vaccins
Dans la plupart des études menées dans les pays développés, les visites à domicile ont été réalisées par des intervenants non professionnels (« Lay Health Workers ») au domicile de parents de jeunes enfants issus de milieux socio-économiquement défavorisés, en milieu urbain (Harvey et al. 2015; Glenton et al. 2011; Lewin et al. 2010; Whittaker 2002; Pati et al. 2015).
Une revue systématique suggère également que les visites à domicile peuvent être efficaces pour augmenter la couverture vaccinale contre la grippe chez les personnes âgées, bien que les preuves soient de qualité modérée (Thomas et Lorenzetti 2014).
Efficacité selon les modalités d’intervention
Chez les enfants, les visites à domicile ciblées sur la vaccination pourraient être plus efficaces pour augmenter la couverture vaccinale que celles portant plus globalement sur la santé des enfants ou la parentalité, bien que les preuves soient limitées (Harvey et al. 2015). Une autre revue systématique n’a pas montré d’impact significatif des visites à domicile sur la couverture vaccinale des enfants, quels que soient le type d’intervenant (professionnels ou non) et l’intensité de l’intervention, mesurée par le nombre de visites (Kendrick et al. 2000). Les données de la littérature ne permettent pas non plus d’évaluer si l’efficacité des visites à domicile est renforcée lorsque la vaccination est proposée au moment même de la visite.
Aspects médico-économiques
Du point de vue médico-économique, les visites à domicile peuvent nécessiter d’importantes ressources comparativement à d’autres interventions visant à augmenter la couverture vaccinale (Briss et al. 2000). Une revue systématique a montré qu’elles étaient, avec la réduction du reste à charge pour les patients, parmi les plus coûteuses en termes de coût par personne vaccinée additionnelle (Jacob et al. 2016). Le rapport coût-efficacité des visites à domicile pourrait cependant être amélioré si ces visites étaient couplées à d’autres interventions visant à augmenter la couverture vaccinale (rappels pour les patients et/ou les professionnels par exemple), au sein d’interventions combinées intensives visant plus spécifiquement des groupes de population habituellement difficiles à atteindre (Crocker-Buque et al. 2017).
Impact sur les inégalités
Une revue systématique, basée essentiellement sur des études américaines, suggère que les visites à domicile peuvent être efficaces pour réduire les inégalités sociales de vaccination chez les enfants, en particulier lorsqu’elles sont combinées à d’autres types d’interventions (rappels auprès des parents, actions d’éducation et de sensibilisation…) dans des programmes intensifs (Crocker-Buque et al. 2017).
Exemple
Aux Etats-Unis, l’Etat du Connecticut a mis en place un Plan d’action sur la vaccination visant à augmenter la couverture vaccinale chez les jeunes enfants (« Immunization Action Plan »). Ce programme est décliné à un niveau local via la présence de coordinateurs locaux et la présence de personnes chargées d’aller à la rencontre des parents d’enfants non vaccinés ou en retard de leurs vaccinations (appels téléphoniques, visites à domicile…). Ce programme a montré son efficacité pour augmenter la couverture vaccinale et réduire les inégalités sociales de vaccination (Kattan et al. 2014).