Allergies respiratoires

En France, la prévalence des allergies aux pollens a triplé en 25 ans. L’allergie au pollen est une maladie dite environnementale, c’est-à-dire qu’elle est liée à l’environnement de la personne et non à un agent infectieux. La conception des espaces verts est un élément central de la problématique de l’allergie pollinique. Une réflexion doit être menée pour mettre en accord les objectifs de végétalisation des villes et la question des allergies aux pollens.

Définitions, éléments de contexte

  • Allergie : réaction anormale de l’organisme face à des substances extérieures appelées allergènes. Ces substances pénètrent dans le corps par voie respiratoire, alimentaire ou cutanée. Pour l’allergie au pollen, le contact avec l’agent allergisant se fait par voies respiratoires : on parle de pollinose. La pollinose est en progression constante depuis les débuts de l’ère industrielle et semble s’accélérer ces dernières années (1) ;
  • L’hérédité joue un rôle important dans l’apparition des allergies : un individu dont un des parents est allergique a 30 % de risque d’être atteint d’allergie. Si les deux parents sont atteints, le risque est de 60 % ;
  • L’organisme des personnes vivant en ville est plus sensible et donc plus réactif aux allergies. En effet, il existe une synergie entre pollution urbaine et pollen. La pollution de l’air intérieure et extérieure aurait aussi un rôle dans l’augmentation de la fréquence des allergies aux pollens. Ainsi, la pollution de l’air rend plus sensible aux allergies mais elle provoque également un effet de stress sur les plantes qui pollinisent davantage ;
  • Sur le pourtour méditerranéen, le risque allergique est très élevé pour les pollens de cupressacées (cyprès, genévriers, thuyas...), élevé pour les pollens de platanes et il est moyen à élevé pour les graminées et les pollens de chêne.

Principaux déterminants des allergies respiratoires

Parmi les déterminants de l’allergie, on distingue le potentiel allergisant, qui fait référence aux caractéristiques de l’arbre ou la plante et notamment de sa concentration en allergènes, et le risque allergique, relatif à l’individu et à son environnement, et plus variable (prédisposition aux allergies ou non, qualité de l’air, conditions météorologiques…) (2).

En plus de la sensibilité des populations concernées, les allergies sont déterminées par plusieurs facteurs :

  • Les espaces verts et la végétation : par leur nature et leur niveau d’entretien, ils présentent un potentiel allergisant plus ou moins élevé ;
    • Type de végétation : de manière générale, les parcs et espaces verts urbains ont tendance à présenter un potentiel allergisant plus élevé que les espaces plus naturels comme les forêts, du fait de la présence d’espèces ‘exotiques’ (3) ;
    • Espèces : certaines espèces ont un fort pouvoir allergisant comme les aulnes, bouleaux, charmes, noisetiers, robiniers, hêtres, chênes, noyers, mûriers à papier, frênes, oliviers, platanes et cryptomérias du Japon. Des plantes herbacées présentent également un fort pouvoir allergisant comme les ambroisies, les armoises, les graminées et les pariétaires (4) ;
    • Forme : La haie est un aménagement responsable de nombreuses allergies. La haie mono-spécifique en est la principale cause, par un effet de concentration de pollens allergisants dans l’air. Des espèces allergisantes comme le cyprès ou le charme sont souvent utilisées pour faire des haies mono-spécifiques, ce qui participe à un risque important d’allergies. La principale action pour lutter contre les allergies provoquées par les haies est la diversification. En diversifiant les essences, on diminue la quantité de pollens dans l’air de manière considérable ;
  • Des études récentes ont mis en évidence une interaction entre les particules de poussières fines qui restent en suspension dans l’air et les pollens : ainsi, les pollens provenant des régions à haute pollution atmosphérique sont recouverts de particules de polluants, de même leur teneur en allergènes est modifiée, ce qui peut renforcer leur action (1) ;
  • Les conditions météorologiques : l’intensité et l’orientation des vents influencent la dispersion des pollens dans l’air et modifient ainsi les zones d’exposition. Des conditions pluvieuses favorisent la rétention des grains de pollen au sol, limitant leur dispersion ;
  • Le réchauffement climatique : le réchauffement climatique constaté depuis plusieurs années a un impact sur les risques d’allergie des populations. Il se manifeste en premier lieu par une intensification de la pollution atmosphérique et un bouleversement des vents et précipitations qui sont des déterminants du risque allergique. Il peut également influencer l’exposition aux allergènes :
    • En modifiant les zones et périodes d’exposition en élargissant les aires de répartition des végétaux producteurs de pollen allergisant, en allongeant la saison de floraison (phénologie) ;
    • En augmentant les quantités de pollens produites, et en modifiant le contenu allergénique des grains de pollen (1) ;
    • En impactant le comportement et l’habitat humain (conditionnement d’air, humidité, allergènes intérieurs) (5).

Impacts sanitaires des allergies respiratoires

  • La prévalence de la rhinite pollinique augmente régulièrement jusqu’à l’âge adulte ; elle passe de 3-4 % chez les enfants de 6-7 ans, à 6 % chez les collégiens et à 14-15 % chez les adultes jeunes et diminue à 10 % au-delà de 65 ans (6) ;
  • En 2017, 44 % des habitants de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont déclaré être sensibles aux pollens et, parmi eux, 61 % ont jugé que leur sensibilité avait augmenté au cours des 5 dernières années (7) ;
  • La présence de pollens peut provoquer des réactions allergiques chez les personnes prédisposées tout comme chez celles qui ne le sont pas. La réaction allergique dépend alors du type de pollen présent dans l’air (graminée, cyprès, peuplier, etc.) tout comme de sa quantité (2) ;
  • La sensibilisation vis-à-vis d’allergènes peut conduire à la survenue d’une rhino-conjonctivite allergique. Bien que bénigne, la rhino-conjonctivite allergique altère la qualité de vie et a un coût non négligeable pour la société en termes d’absentéisme scolaire et professionnel. En France, la prévalence de la rhinite allergique est d’environ 24 % chez l’adulte et de 12 % chez l’enfant. Elle est également fortement corrélée à la survenue d’un asthme et peut conduire, chez les personnes asthmatiques, à des exacerbations de l’asthme. La prévalence de l’asthme est en France d’environ 6 % chez l’adulte et de 10 % chez l’enfant ;
  • L’allergie aux pollens est une maladie chronique plus ou moins handicapante pour les personnes touchées en fonction de sa forme : intermittente, persistante, sévère ou modérée (5). De manière générale, elle affecte la qualité de vie des personnes allergiques : les principales conséquences sur la vie quotidienne sont une restriction des activités courantes, des troubles du sommeil, et une altération de la vigilance et de la capacité de concentration ou d’apprentissage.

Zoom sur les populations vulnérables

  • Les enfants, les personnes âgées, les personnes prédisposées et celles atteintes de maladies cardiovasculaires ou respiratoires sont les plus vulnérables aux allergies ;
  • Une étude souligne le lien chez les enfants entre le fait de résider à proximité d’un parc (et dans une moindre mesure d’une forêt) et l’importance du risque allergique (3) ;
  • Les personnes pratiquant des activités physiques sont plus susceptibles d’être exposées aux pollens et au potentiel allergisant des plantes et arbres, notamment lorsqu’elles exercent leur activité au sein d’un parc ou d’une forêt.

Pistes d’actions pouvant être envisagées pour réduire le risque allergique

Assurer des choix d’espèces et un entretien de la végétation limitant le potentiel allergisant

Plusieurs pistes peuvent être envisagées pour réduire les risques d’allergies (4, 8) :

  • Instaurer de la diversité dans les aménagements paysagers afin de diminuer la concentration de pollens d’une même espèce dans l’air ;
  • Privilégier les espèces ayant un faible potentiel allergisant (genévrier, robinier, châtaignier, pin, if, orme…) et éviter celles avec un fort potentiel allergisant (aulnes, bouleaux, charmes, cyprès, frênes, oliviers, mûriers à papier, cryptomeria du Japon, graminées…) ;
  • Avoir une méthode d’entretien limitant la production de pollens : une taille régulière empêche les fleurs d’apparaitre et diminue ainsi la quantité de grains de pollen émise dans l’air.

Limiter l’exposition des populations aux allergènes

Il s’agit ici de prendre en compte les facteurs accentuant le risque allergique des populations :

  • Favoriser les mobilités douces et ainsi de réduire les transports motorisés générant une pollution ;
  • Intégrer aux projets urbains des réflexions prenant en compte l’environnement au sens large : orientation au regard de la végétation et des vents, adaptation au contexte météorologique… ;
  • Améliorer la surveillance des pollens dans l’air (calendriers polliniques, installation et pérennisation des capteurs…).

Informer les habitants et usagers sur les plantes au potentiel allergisant élevé, pour limiter leur plantation dans les espaces privés (5).